Rythme et cinématique de transition
J’ai eu l’idée de ce procédé hybride alors qu’un problème se posait sur un de mes films. Je désirais redonner un rythme plus soutenu à mon montage. Le problème - que nous connaissons tous - est que les scènes très courtes pour réaliser un montage cut, ne fonctionnent quasiment jamais à 360°, voire pas du tout. Alors je me suis posé la question, comment donner du rythme à un film VR ralenti par la longueur des plans à 360° ?

J’ai tout simplement imaginé un film hybride, intercalant des montages « flat HD » plein écran et verrouillés sur le regard de l’utilisateur (pour éviter la nausée ou qu’il regarde ailleurs) et, des plans à 360°. Après tout pourquoi pas, si ces plans sont assez courts et surtout utiles et justifiées dans la narration. Je les ai nommées « Cinématiques de transitions », car elles m’ont été inspirées par… le jeu vidéo.
Les cinématiques existent depuis longtemps dans le jeu vidéo. Elles servent de « passerelles » ou de transitions entre les chargements de niveaux au sein d’un jeu. Ces cinématiques sont constituées d’un court montage flat et non-jouable, lié à l’univers, les personnages et les enjeux du scénario du jeu. Elles font patienter agréablement le gamer et rendent le produit plus esthétique, plus attractif, mais surtout et c’est ce nous intéresse, donnent des informations utiles pour la suite des événements dans l’histoire (du jeu).
Ce qui m’a poussé à me poser une seconde question : est-ce que ces cinématiques ne seraient pas également utiles pour enrichir la narration en Réalité Virtuelle, en plus du rythme ?
Nous l’avons vu les cinématiques peuvent redonner du rythme dans le montage très (trop…) lent des plans VR, mais aussi alterner le langage VR et le langage cinématographique. C’est-à-dire, des images symboliques, des ellipses, soit, tout ce que l’on ne peut pas « dire » en VR. Ces informations créent des passerelles (ou transitions) narratives qui améliorent la lecture dans le détail entre deux plans VR, soit donner des informations utiles pour la suite des événements qui constituent l’intrigue.
Parce que le montage est verrouillé sur le regard de l’utilisateur, le VRonaute pénètre alors dans un « tunnel » d’images flat qui le dirige vers un autre plan VR.
Quelles type images choisir pour ces cinématiques?
Ces passerelles narratives peuvent contenir diverses images qui nous donnent les bonnes informations narratives pour un déroulement fluide et cohérent de l’intrigue. Il ne s’agit pas d‘appuyer « lourdement » sur des évidences de l’histoire, mais plutôt de faire passer un message subtil. Tout est possible : un flashback, un rêve, une série de symboles oniriques, un voyage, une action parallèle à l’action principale, etc.
Ces passages peuvent également être un montage de type « action », comme une course poursuite à pied ou en véhicule … Mais je conseille des passerelles courtes, entre cinq et quinze secondes, pour deux raisons :
Nous sommes en train de vivre une expérience à 360° et il est intéressant de ne pas trop en sortir,
Il est pertinent d’équilibrer les cinématiques flat et les plans VR, non pas en durée, mais en termes d’impact. Et un montage rapide flat de 10 secondes peut avoir autant d’effet qu’une minute de plan-séquence à 360°
L’impact se mesure en « informations » narratives. Il faut doser ces informations avec précaution et apporter la bonne quantité pour appréhender la scène VR suivante, sans trop en donner.
Les images qui contiennent ces informations doivent provoquer chez le VRonaute une suite d’association d’idées et utiliser le principe de cause à effet : On part de A-> puis une action déclenche un « parcours » jusqu’à->B-> puis une action qui déclenche le parcours jusqu'à->C-> une action qui déclenche...->D, etc. Le résultat doit exciter la curiosité.
Oui, mais quel outil software utiliser pour créer un film hybride ?!
C’est à cette étape que j’ai eu droit au fameux blocage « idées VS possibilités ». Oui, nous pouvons tous avoir des idées, mais il arrive très souvent que les outils pour les réaliser n’existent pas ou coûtent très cher car il faut les faire développer. Oui, mon idée était (sûrement) faisable à condition d’investir dans un développement spécifique sous Unity…
C’était sans compter sur la chance ou l’inconscient collectif ou… Je ne sais quoi ! Car à des milliers de kilomètres de Paris, dans l’hémisphère Sud pour être précis, la dirigeante d’une talentueuse startup réfléchissait à la question sans que je le sache.
C’est plus de six mois après avoir eu cette idée de cinématique de transition que je rencontrais au SATIS 2017 la société Immersive-Ways qui présentait un outil de postproduction intelligemment conçu sur une base Unity.

Interface principale d'Inside
INSIDE, c’est son nom, est un outil de montage qui nous propose d’emblée la possibilité d’alterner 360° et HD flat dans une version du logiciel gratuite (Inside Light Edition) !!!
Il nous propose également d’autres options de base que certains logiciels de montage pro ne nous offrent pas : le « verrouillage » regard sur des fichiers vidéos ou images importés dans l’espace 360, comme des sous-titres qui suivent les mouvements de votre tête (très utile pour l’export de vos films à l’étranger, les envois en festivals, les voix off de documentaires, des infos importantes pour tous films de com, de ventes ou de formations).
La première version Pro d’Inside, peu couteuse, vous offrira la possibilité d’intégrer de l’interactivité (hotspots, gaze effect) et dans un futur proche, de monter de votre film en « retour vidéo 360 » directement sur casque VR. Sans oublier le son spatialisé, et bien d’autres options.
Toute l’intelligence et la pertinence de ce produit est d’être construit sur une base Unity, ce qui lui permet de bénéficier des travaux de l’importante communauté liée à ce logiciel, que ce soit en développement spécifique (dédié à Inside, par un tiers) ou en profitant de l’existant comme les plugs-in d’effets. Une base Unity laisse également entrevoir dans le futur, la possibilité d’intégrer de la 3D dans nos vidéos ou le contraire, de la vidéo filmée sur fond vert dans des décors 3D.
Et pour finir, l’excellente nouvelle pour tous les artistes de la postproduction, vous pouvez utiliser Inside sans écrire une ligne de code… !
Voilà comment, une fois de plus, les outils informatiques du futur (et du présent immédiat) vont changer notre façon d’écrire, de préproduire et de postproduire nos contenus VR.
Inside, d’Immersive-ways, est un outil à suivre de très près car il nous offre des possibilités d’hybridation, de narration et d’interactivité étonnantes, souples et extrêmement économiques, ce qui est loin d’être négligeable !!
Ah oui ! Pour finir, sachez que je n’ai aucune part dans la société Immersive-Ways, j’ai seulement (bêta) testé un outil ergonomique et novateur sur un de mes films et je l’ai adopté… ! ;)
Pensez à vous inscrire à la newsletter !