Comment les logiciels modifient notre façon d’écrire…!
Nous écrivons des fictions, interactives ou non, des jeux narratifs, des documentaires immersifs, des expériences culturelles en VR ou AR… Bref de nombreuses expériences immersives !
Nous avons tous notre façon d’aborder la question de l’écriture : classique ou, un format classique auquel on adjoint des colonnes. Certain placeront une colonne avec les degrés d’orientation, d’autres vont transformer les degrés en valeurs horaires…
Personnellement je place dans ma première colonne des icônes représentants la place de ma caméra et de mes principaux sujets, ceux sur lequel le POI (point of interest) doit être dirigé.
Et bien souvent une troisième colonne « fourre-tout » se cale sur la droite de mon scénario.
Jusqu’ici rien de nouveau, chacun ajuste sa recette et l’assaisonne à son goût.

Quand nous décidons de rentrer dans l’écriture interactive, immersive, voire « narractive » (voir le concept ici), les arborescences viennent nous envahir, nous poser de nombreuses questions et nous proposer de nombreuses possibilités.
Vous pourriez me répondre que dans le monde du jeux vidéo on connait ce problème depuis très longtemps. Dans les expériences immersives le problème est légèrement différent : nous avons plus de narration(s) à gérer et c’est la base même de notre travail et pas de points de vies… Ici pas vraiment de game play.
En plus des narrations multiples au sein d’une même histoire, l’auteur immersif doit gérer une réelle « mécanique » structurelle et pas uniquement des carrefours narratifs. Par exemple, quelle sera la raison et le comportement utilisateur qui modifiera le scénario et, comment sera-t-il modifié : un « détour narratif », un changement profond dans l’intrigue, un twist situé que dans cette ramification et pas ailleurs… ?
Et que peut-on dire du sujet de plus en plus évoqué, celui de l’intelligence artificielle ? Basiquement, la plupart des articles et même des essais concrets proposent de remplacer l’auteur ! Tiens, et si l’IA écrivait un scénario !!! Quel intérêt ? On me répondra l’expérience et les tests pour voir si cela fonctionne. Je suis assez d’accord, c’est le travail des chercheurs. Et le dernier en date, un court-métrage de science-fiction, n’a pas donné un résultat probant…
Mais pourquoi vouloir toujours remplacer l’homme par la machine ? Toujours cette logique du OU que je déteste… D’autant, qu’apparemment nous n’apprenons rien de nos expériences depuis plus d’un siècle : nous fabriquons, utilisons ET côtoyons les machines, sans quelles nous remplacent (à part quelques cas précis qui nous évitent des travaux pénibles ou dangereux) ! Alors pourquoi pas humain ET IA ? On en reparle plus loin.
Revenons-en au thème de cet article, les logiciels et leur influence.
Pour l’instant, la plupart d’entre nous détournent des logiciels existants comme Word, InDesign ou final Draft. D’autres, comme Loïc Flameng ont créé Openscriptvr, un outil simple et collaboratif, disponible sur le site dans sa phase beta.
Déjà ces logiciels, détournés ou dédiés modifient notre façon d’écrire et, comme cette nouvelle façon est également le résultat de notre demande, nous sommes tous en phase de test.
Mais s’il existe des logiciels qui changent notre façon d’écrire, ce sont bien les moteurs de jeux temps réel.
Unity, Unreal Engine et Cie nous permettent tellement de possibilités !
Dans ces deux logiciels, mais ce ne sont pas les seuls, on peut modéliser en 3D, importer des animations 3D, des modèles 3D, de la vidéo… On peut paramétrer n’importe quelle réaction face à un ou plusieurs comportements… Autrement dit la liste des possibilités n’est limité que par notre imagination et… le budget. Bien entendu, plus votre expérience sera démultipliée dans son interactivité, plus elle vous coûtera cher en développement.
Pour info, Unity et Unreal sont gratuit tant que vous êtes en phase de développement. Mais le développeur Unity ou UE, n’est pas gratuit, lui !
Il existe pourtant d’autres logiciels gratuits, interactifs construit sur une architecture Unity, comme INSIDE d’Immersive-Ways. Simple et gratuit dans sa version Pro, il vous permet déjà une hybridation vidéos 360°/vidéos HD verrouillées sur le regard. L’hybridation vous permet d’insérer des montages cut et rythmés ce qui nous autorise et nous pousse à penser à l’avance la possibilité d’écrire ce genre de séquences « cinéma ». De plus, INSIDE permet de verrouiller sur le regard utilisateur d’autres images que des vidéos HD : des sous-titres, des images fixes (png+alpha), et bien sûr de l’interactivité. Par exemple vous pouvez intégrer des commandes vocales ! Tout ce travail peut être effectué sans une ligne de code, simplement comme dans un logiciel de montage. Et comme ce logiciel est construit à partir de Unity, je pense que la 3D mélangée à la vidéo va très vite faire son entrée dans ce logiciel unique.
Pour ceux qui, comme moi, sont passionnés de graphisme et de films d’animation, nous avons toute une série de logiciels de création graphique VR qui sont apparus ces deux dernières années.
Tout l’intérêt est de créer vos éléments graphiques, 2D ou 3D, directement dans un environnement à 360°. Vous avez immédiatement la vue qu’aura l’utilisateur dans votre expérience immersive.
Parmi ces logiciels vous avez quelques ténors. En peinture 2D/3D Tiltbrush et Quill (voir le film Dear Angelica) se partagent le gâteau en deux.
En sculpture/modélisation 3D plutôt dans un esprit « argile virtuelle », Medium et MasterpieceVR (avec pour ce dernier quelques pinceaux 2D assez intéressants) forment le second tandem de softs graphiques VR.
Il existe également deux logiciels d’animation VR : AnimVR qui permet de peindre dessiner et animer dans un style traditionnel : c’est-à-dire de dessiner images par images, avec quelques aides logicielles. Et il reste Tvori, un logiciel d’animation plutôt orienté vers la technique d’images-clés et courbes de Béziers que l’on peut retrouver dans tous les logiciels d’animation 3D ou même After Effects.
Je reviendrai sûrement sur ces logiciels de façon détaillé prochainement. Mais si l’on regarde à la loupe ces logiciels graphiques, ainsi que le temps et la vision directe à 360° qu’ils nous offrent pendant la phase de création, on comprend très vite qu’ils vont influencer notre façon d’écrire. Au cours même de la création graphique, de nouvelles idées émergeront et nous emporterons au-delà de l’idée de base : décors, personnages, scènes additives.
Un dernier petit mot sur l’intelligence artificielle. Le sujet est vaste, les capacités des IA également. Une intelligence artificielle qui serait à même de créer un scénario en temps réel et supplanter l’imaginaire humain, personnellement, je n’y crois pas (et surtout, je n’en veux pas ;)). Par contre une IA capable de créer des scènes additives à la volée (permettant la transition entre deux ramifications ou deux scènes immersives importantes), qui donneraient des expériences utilisateurs unique… Là, je suis preneur !
IA et Humains, travaillons en paix main dans le code !! ;)